...puis que l'espoir renaît.

<suite du sujet intitulé "Quand le désespoir s'installe">


"Je suis là mon amour, est-ce que tu me perçois ?"

La voix de sa Louve venait de résonner dans son esprit vide comme un énorme coup de gong dans le profond silence d'un temple en ruines. Combien de fois avait-il espéré entendre ces mots ! Combien de fois il avait tourné et retourné entre ses doigts ce minuscule artefact qui leur permettait de communiquer au delà de l'espace. Combien de fois avait-il cru les percevoir, interrompant ses rares périodes de sommeil. Il n'osait pas y croire. Il était totalement stupéfié. Il était en arrêt, figé, tendu vers cette perle glissée dans son bracelet et qui représentait tant et si peu à la fois. Trop de déceptions accumulées, trop de fragilité, il ne pourrait supporter cette situation encore longtemps. Accorder du crédit à ses hallucinations ne pourrait que lui faire plus mal encore... Il restait interdit, muet et stupide.

"Mon Loup, c'est moi. S'il te plaît répond moi."

Il bondit ! Son corps et son esprit en même temps, renversant la table devant lui dans un fracas épouvantable dont il ne prit même pas conscience, le regard fixé sur la perle qu'il serrait dans ses doigts. Le doute n'était plus permis mais il n'osait en chasser encore les ultimes reliquats. Il avait l'impression de jaillir d'un lac profond et obscur, de recevoir une pluie de lumière qui le laissait totalement nu et sans défense, comme une violente renaissance. De longues secondes s'écoulèrent avant qu'il respire de nouveau. Son coeur battait à un rythme endiablé et il se sentait vaciller. Fébrilement il ouvrit son bracelet pour prendre la perle dans ses mains, la serrant dans son poing avec une puissance qui lui faisait blanchir les jointures.

"Mon Aube... Je suis là !" répondit-il, voix d'esprit à esprit, avec bien peu d'assurance.

"Je t'aime mon Loup, j'arrive, où es-tu ?"

Subitement il s'effondra. Une vague de tendresse et de désir de le revoir déferlaient par la perle, l'envahissant sans ménagement. Pris d'une faiblesse, vertige devant ce raz-de-marée d'émotions bien trop violentes qui l'emportait comme un fétu, il tomba à genoux. Les larmes jaillissaient de ses yeux comme des torrents. Son coeur explosait en silence. C'en était trop : d'une seconde sur l'autre il venait de basculer d'un monde de ténèbres à un monde de lumière. Il se sublimait, pris par l'étrange sensation de quitter un manteau lourd et gris, bien trop épais, bien trop pesant et qui l'étouffait depuis trop longtemps. Il se sentait frappé par une cascade d'eau claire et joyeuse... Il n'avait plus de mots. C'est avec la gorge serrée, étranglé par une émotion débordante qu'il répondit à la fois à voix haute et par l'esprit.

"Rejoins moi mon Aube, viens vite, très vite. Je t'aime aussi"

Sa voix avait été rendue rauque par le silence total qu'il avait observé ces trois derniers jours et l'étonna lui-même. Heureusement qu'elle n'avait pu la percevoir. Il prit encore la peine de lui transmettre les images nécessaires à identifier sa retraite avant de se plonger avec un bonheur extrême dans la joie simple de ressentir sa présence, de la sentir approcher. Ces perles étaient une bénédiction. Son coeur désolé reprenait vie, comme une aube naissante après une nuit de cauchemar, comme une pluie régénératrice sur une terre déssechée, comme un amour sans faille sur son âme en ruines. L'étincelle de Sa présence venait de ranimer son foyer. Il revivait.