Ses pas résonnaient sur les pavés humides. Elle longeait les murs, profitant du moindre parapet pour échapper à la pluie qui battait les rues de Hurlevent. Elle avait imaginé s’installer dans un des multiples tunnels de la ville pour se reposer un peu… Fermer l’œil quelques heures… Mais le froid qui s’engouffrait sous les arches de pierres lui glaçait les os. Sans un sou, pas moyen de louer une chambre, d’autant plus que certains aubergistes voyaient encore d’un œil méfiant les membres de « sa » race. Et ils l’auraient été encore plus s’ils avaient su ce qu’elle était réellement.
L’arrivée des Draeneï s’était présentée comme une providence pour elle. Bien que n’étant pas des leurs, sa morphologie était très semblable. Une pensée traversa son esprit… Une pensée pour ses ailes, arrachées dans un accès de colère de son ancien maître, comme on ampute une mouche. Mais maintenant, ces blessures lui apportaient un avantage relatif…
La journée avait été tranquille. Elle l’avait passé à visiter les lieux, et d’ores et déjà, elle avait repéré certains endroits, comme l’Agneau Assassiné, d’où émanait sans le moindre doute des effluves de magie de l’ombre. Elle y était particulièrement sensible et savait que c’était un quartier qu’il lui faudrait éviter autant que possible si elle ne voulait pas que sa mascarade ne soit dévoilée. De plus, les gens fréquentant cet établissement connaissaient le moyen de se servir d’elle si d’aventure ils apprenaient son vrai nom.
Plus de traces des mendiants qu’elle avait croisés de jour. Elle se demandait où ils passaient la nuit. Sans doute connaissaient-ils quelques coins à l’abri du froid et des regards. Ses pouvoirs auraient pu lui permettre de « négocier » un hébergement chez un particulier, mais elle se l’était refusé. Aussi étrange que cela aurait pu paraître à ses semblables. Elle déambula donc quelques temps, trempée par l’orage qui semblait ne pas vouloir lui donner de répits. Le bruit des forges retentit bientôt alors qu’elle entrait dans le quartier ou les brasiers ne s’éteignent jamais.
- Le métro… murmura-t-elle.
Bien que bruyant, les galeries du métro avait au moins l’avantage d’être à l’abri du froid et de la pluie. Sans hésitation, elle pénétra dans la coursive menant aux quais, se mettant en quête d’une cache dans les boyaux, à l’écart…