La fureur du combat...
En tant qu'archer, il s'en croyait à l'abri. Mais il réalisait avec de plus en plus de clairvoyance qu'il n'en était rien. Ses doigts ne cherchaient plus ses flèches dans leur carquois, n'hésitaient plus pour les encocher. Dans ces instants étranges, il devenait une mécanique de précision sans amour et sans haine, sans passé ni futur. Avec une fluidité irréelle il voyait ses ennemis avancer vers lui, il trouvait des appuis sur le terrain soblonneux, et invariablement la flèche trouvait son chemin au coeur de sa cible.
Parfois un caillou, rarement la distraction d'un cri d'effroi ou d'un appel à l'aide et il venait à manquer sa cible. C'était l'exception.
Reculer, lâcher, encocher, pas de côté, lâcher, encocher, ralentir, viser.... lâcher, encocher, empoisonner, lâcher, encocher, une fois, deux fois, trois fois même parfois. Et les trois flèches suivaient les guides de son esprit. Trois flèches, trois impacts et les grondements d'Echeyakee qui broyait des membres disloqués, assourdissait de ses grondements terribles les malheureuses victimes qui tombaient mortes entre ses crocs, percées de nombreux traits encore luisants de magie.
L'esprit vide... vide de tout sauf des étranges énergies qui président à l'ensemble du combat. Ses flèches étaient des sons, les sons formaient des mots qui se posaient sur le rythme de ses pas comme sur la trame d'une phrase avant de constituer un chant, un long chant de mort que ses ennemis ne percevaient qu'à l'heure où leur destin s'éteignait, un chant fluide et glacial qui leur arrachaient l'âme du corps sans regret ni remord.
Et puis le contrecoup... Tout se paye toujours.