La magicienne inspectait du regard la chambre de Jaylini. Un tableau abstrait et coloré dans un coin. C'était très psychédelique et délirant. Digne d'elle. Ca tombait bien, puisque c'était le cas.
Deux gros coussins bleu thalassien occupaient une bonne partie de la pièce, face au lit où trônait Jaylini, son corps delié reposant calmement sous les draps.
"Si ton corps est tout mou quand tu te réveilles, je crains que tu ne m'empoisonnes. J'espère que ça suffira."
La magicienne, amusée, vient lentement masser la métisse pour garantir un minimum d'activité à ses muscles.
Concentrée sur le Fil, elle commence à chanter doucement.
Entre ces arbres sombres,
tu fuis ces lignes d'encres
qui te privent d'ancre,
te rejetent dans l'ombre.
C'etait le temps jadis,
des souvenirs enfouis.
C'etait le temps jadis,
des souvenirs enfouis.
Parmi ces elfes sylvains
à jamais seule et brisée,
tu erres seule et meprisée
plus basse que les vilains.
C'etait le temps nuageux,
des souvenirs peureux.
C'etait le temps nuageux,
des souvenirs peureux.
Dans les terres de Lumière,
petit grain de poussière,
tu t'extrais de ton cocon,
pour devenir un joli chaton.
C'est le temps present,
de la belle étoile-d'argent
c'est le temps present,
de la belle étoile-d'argent.
Jolie petite sirène du lac
vive et armée de ton sac,
tu t'extrais de ta lagune,
et pars conquérir la Lune.
C'est le temps secret,
des amours discrets,
c'est le temps secret,
des amours discrets.
Perdue dans un passé scellé,
de larmes et de solitude,
tu fuis notre sollicitude,
dans un nuage d'ombre et de peché.
C'est le temps désormais
qui n'existera jamais.
C'est le temps désormais,
qui n'existera jamais.
De notre coeur, entend l'appel,
ou j'viens te chercher à coups de pelle,
oublie ces cauchemars,
et vient barbotter dans la mare.
C'est le temps de bientôt,
du bonheur et de l'eau.
C'est le temps qui t'appartient,
cesse d'avoir peur et revient.