Quartier de la cathédrale de Hurlevent, Arianne sort d'une maison avec un panier débordant, recouvert d'un tissu blanc.
Endherion va pour entrer dans la même maison et manque de percuter la guerrière.
- S'kusez m'dame.
- Hey ! T'qu...Mais elle reconnait tout à coup le paladin. Qu'tu fous là ?
- Hè ! Salut ma blonde. Tu vas ? Moi j'vais chercher une caisse de médocs. C'quoi ton truc là ? ajoute-t-il en désignant le panier.
- D'la bouffe pou'la gosse et moi. J'la r'cupère à la m'son d'ma guilde.
- C'tout ? Y'a rien pour ton homme ? demande-t-il d’un ton taquin.
- Bah... nan, j'po 'core d'homme… Pis j'savais po qu't'étais là. Elle répond d’un air sérieux, embarrassée.
Il regarde Arianne et glisse une main sur sa joue sous ses cheveux d’or.
- T'inquiète pas ma gueuse... j'te taquine. Enfin... sauf que... Il se tait, ennuyé. Mais elle s'écarte, inquiète, en jetant des coups d'œil autour d'elle.
- T'as pôa d'... il s’arrête de nouveau devant sa mine gênée, il enlève vite sa main, ennuyé aussi en contrecoup.
- Mince... l'prend po mal... j'veux po qu'on dise qu'j'cours les gars... Elle est désolée, les yeux implorants.
- Pardon... J'voulais pas...
- t-t'veux...
- ... t'fout' mal à l'aise.
Un silence après s’être coupés mutuellement. Finalement il sourit, un peu ému, gauche.
- Bah... ouais ?
- t'veux v'nir 'vec moi ? t'm'porte l'panier ?
- Ah.... Euuh... Bah... ouais ça l'fait.
Elle se mordille la lèvre et tend le panier, avec une amorce de sourire. Il s'en empare en prenant soin de ne pas lui écraser les doigts.
- Euuh... Arianne ?
- Ouais ?
Ils commencent à descendre un peu les marches du perron et s'arrêtent en bas. Il semble tracassé par quelque chose. Elle va pour le guider.
- T'viens ?
- Attends...
- Y'a un truc qui t'embobine ?
- Ouais, ça m'prend l'crâne.
Elle s’inquiète.
- Bah c'quoi ?...
- Tu... tu dis que... qu't'a pôa d'homme... c'vrai qu'tu crois ça ?
Elle baisse un peu les yeux à la question, puis hausse les épaules en relevant le regard.
- Bah... t'parlais d'mon panier...
Il se tortille un peu, se sentant un peu idiot, tandis qu’elle continue.
- j'ramène po d'bouffe à un homme... mais...
- Ah ouais... ouais pardon...
Elle se tait, ennuyée, l'air perdue, consciente d’avoir fait de la peine sans trouver le moyen de se rattraper.
- Mais...
Endhemion pose le panier résolument et attrape un poignet d'Arianne pour la tirer vers lui.
- Viens.
- Quoi ? Mais ?... Elle résiste un peu. 'ttend, t'veux quoi ? Son regard se pose sur le panier, puis autour d'eux, indécise.
- Viens j'te dis. Son ton est doux, il la tire un peu plus vers lui.
- C’po trop loin ? Elle demande, croyant qu’il veut l’emmener quelque part. Mais il lâche son poignet pour enserrer doucement sa taille au vu et au su de tous.
- T'y es d’jà rendue, couillonne.
Il lui sourit, ému, attendri. Elle le regarde en se mordillant les lèvres. Il se penche un peu vers elle et chuchote :
- T'es trop belle... j'craque de toi...
Arianne est toute raide, partagée entre l’envie de se laisser aller et la crainte du qu’en dira-t-on.
- Mince... elle rosit, la bouche entrouverte, comme pour dire quelque chose qui refuse de sortir.
Il continue, chuchotant pour qu’elle seule entende.
- J'rêve que d'toi d'puis une semaine... j'tourne dingue Arianne… Tu m'a r'filé un truc au cœur.
Il pose son front sur celui d'Arianne et ferme les yeux, ignorant sa raideur pour se concentrer sur la douce tiédeur qui monte entre les corps si proches. Elle fronce les sourcils, un peu perdue.
- T-t'... Mais elle se tait finalement. Il inspire à fond et pose un baiser sur son front en se faisant visiblement violence tandis qu’elle ferme à demi les yeux. Il gémit doucement.
- T-tu... t'fous po d'moi.... Ce n’est pas une question.
- J'peux pôa... murmure-t-il, presque pour lui-même. Il vient poser ses lèvres sur celles d'Arianne pour la faire taire de la plus tendre des façons. Elle ferme les yeux pour accueillir le baiser avec douceur.
- C'trop fort... chuchote-t-il dans le baiser. C'trop fort Arianne... j'peux pôa t'résister... Elle répond en glissant ses bras autour de son cou, il referme les siens autour de sa taille un peu plus étroitement encore. Elle le regarde, les yeux hagards, brillants.
- F-f-faut po...
Le cœur d’Endhemion bat violemment, la respiration courte, le regard un peu flou, il ouvre les yeux, front contre front.
- J'crois bien qu'j'craque...
Elle s'accroche à lui, comme une perdue.
- T-t'es ...
Il la serre un peu plus, savourant ce corps souple et tiède plaqué contre le sien, les yeux mi-clos, regrettant de porter cette lourde maille, et elle soupire longuement, se détendant lentement.