Dire que la nouvelle ne l'avait pas ravie était une évidence. Difficile de masquer son émotion à Dylinrae qui avait tout de suite compris que quelque chose ne tournait pas rond en voyant la mine fade de son aimée.
Aelwenn avait fini par lui avouer, un peu honteuse d'être aussi touché par quelque chose dont on savait pertinemment qu'il s'agissait d'une mascarade. Mais c'était comme avoir joué un rôle et s'y être plu un moment. Elle avait joué l'épouse modèle, attentionnée autant que possible. Il avait semblé apprécier de son côté alors... elle avait cru qu'une sorte de complicité platonique serait possible.
Et puis il avait fini par parler d'elle, cette Koyca. Quoi ça ? avait rétorqué la prêtresse. Sa pique humoristique n'était pas dénuée d'une pointe d'amertume.
Et puis Dyli avait ri.
Et puis elle l'avait prise dans ses bras, l'avait comprise et avait chassé ces nuages en jouant d'une main légère dans ses cheveux d'argent.
La prêtresse se sentait ridicule, évidemment.
Néanmoins elle n'avait pas perdu le sens des réalités. Il lui fallait une lettre de répudiation officielle. Silimaüre la lui avait promis et elle escomptait bien qu'il y mette au moins un peu de cœur. Il avait annoncé la nouvelle avec autant de douceur qu'il était possible, elle devait bien le reconnaître, et s'était inquiété en sachant aussi ne pas insister.
Un petit sourire ému finit par éclore sur son visage.
Une page était tournée. Bientôt elles seraient enfin libres, libres de s'aimer elle et son élue, d'ici que la période légale de viduité - quelle horreur ce mot - soit passée, qu'on soit sûr qu'elle ne porte pas d'enfant de ce mâle. Et comment ? Elle sourit encore. Il avait vraiment été adorable et compréhensif. Il méritait bien à son tour un peu de "vrai" bonheur.
Quand elle leva les yeux de cette affiche, Dylinrae la regardait, la contemplait plus exactement. Et Aelwenn lisait dans l'expression de la guerrière le bonheur de vivre enfin au grand jour, bonheur contagieux qui repoussa les derniers nuages gris comme de vulgaires perturbateurs devant la lumière de son expression pleine de tendresse.
Elune... qu'elle l'aimait, elle et nulle autre....
... de toute son âme.