Le nain trempé.

Tard dans la nuit, un nain entra dans la taverne de l'eau profonde, le capuchon sur le visage, la pelisse trempée par la pluie lourde qui tombait.

Il s'approcha du comptoir et demanda discrètement à Helbrek, sans ôter son capuchon:
"Pour les Tisseurs de Paix... C'est ici?"

LE vieux nain bourru qui n'en finissait pas d'astiquer ses chopes vides hocha la tête

"PouR sûR qu'c'est ici mon gaRs. Qu'c'est qu'tu leuR veux aux tisseuRs ?
Pi appRoche toi que j't'offRe une chopine, t'es tRempé comme un goujon !"

Et le voilà qui part dans un rire sonore tandis que la bière commence à remplir l'une de ses chopines.

De retour de Hurlevent, CrileLoup et Aénor passent chez Helbrek. Ils s'y montrent très régulièrement ces derniers temps car l'inquiétude les ronge concernant leur amie Jaylini qui n'a plus donné signe de vie depuis bien trop longtemps, et plus longtemps en tous cas que jamais auparavant.

La pluie n'a pas cessée et de lourdes gouttes s'amoncellent en ruisseaux le long des plis des lourdes capes dans lesquelles ils se sont emmitouflés. Mais ils se doutent aussi que l'aubergiste n'a pas que ça à faire que de nettoyer son sol, aussi le barde reste-t-il un peu en retrait, proche de l'entrée avec ses bêtes, encombré des vêtements trempés tandis que la prêtresse s'avance pour scruter d'un regard soucieux le panneau d'informations.

Le nain trempé, accoudé au bar, déporta un œil soupçonneux sur le coté, en entendant les bruissements de vêtements trempés par les sourdes pluies des Paluns.
En entrevoyant les silhouettes elfes dans la pénombre de l'entrée, le nain ramena sa capuche sur son front et lança deux piécettes de cuivre sur le bar en remerciant un Helbrek étonné.

"Pour l'dérangement, l'ami."

Il se leva, réajusta son mantel et remit son chapeau bas, encore dégoulinant des pleurs des Paluns.
A la hauteur de l'elfe qui lisait le panneau d'information, il regarda du coin de l'oeil les formes fines des ses longues jambes et esquiva le regard froncé du mâle qui se tenait près de la sortie.
Il maugréa dans sa barbe ce qui pouvait passer pour des adieux.


Près du tabouret où il était assis, un paquet carré, assez gros pour tenir sous le mantel, était déposé dans l'ombre.
Il était emballé dans un tissu assez élaboré, semblait rembourré, le tout tenu par une corde en lin solide.

- "Ben tiens donc ! Pile tu causes du loup qu'il se pointe !" rit Helbrek. "Salut les Tissous ! T'nez, y'a c'bon Nain qui voulait vous causer. Hè l'ami, pRRofite donc au lieu d'paRRtir comme un pet suRR d'la peau d'cRRocilisque."

Surpris les deux Tisseurs cherchèrent du regard celui qui s'avançait vers l'entrée et le saluèrent tour à tour, particulièrement le barde vers qui le visiteur s'approchait en sortant. Les bras chargés des vêtements trempés de pluie de son élue, inquiet qu'elle ne trouve au tableau une note à caractère dramatique, il n'en adressa pas moins un sourire aussi détendu que possible à l'individu.

- "Bonjour camarade. Peut-on vous aider ?"

- "Oh, messire Nain, vous oubliez vos affaires" lança Aénor d'une voix qu'elle voulait aimable, s'efforçant de chasser de son visage les nuances angoissées qui le ravageaient.

(en l'absence de fin d'histoire, je l'écris moi-même, et si l'auteur premier se manifeste on déplacera tout ça dans le temps ^^)

Avec un air bourru le Nain se retourna, prit conscience de ce qu'on lui disait et revint s'emparer du colis oublié, grommelant un remerciement inaudible à la prêtresse qui posait sur lui un regard étonné.

- "'RR'voyuRRe" fut tout ce qui put être clairement identifié de ses marmonnements et c'est tout juste s'il ne bouscula pas le barde en sortant bille en tête avec l'apparence de la contrariété.

Les deux Tisseurs se rejoignirent devant le panneau d'affichage, leurs vêtements provisoirement accrochés à l'une des nombreuses patères qui garnissaient le sas d'entrée.