Les cinq katars et leurs porteurs

C’était l’heure où le ciel et la terre se mélangent dans un flamboiement de couleur, embrasant le paysage alors que l’astre solaire disparaissait lentement derrière les collines et les arbres. Il faisait bon, une fraicheur douce de printemps, et les eaux du lacs étaient calmes, à peine dérangées par une légère brise qui dérangeait la surface.
Caimbeul avait donné rendez-vous aux porteurs des katars, il fallait lier les armes à leur essence, apprendre les paroles rituelles et s’entrainer pour que le tout forme un ensemble parfait. C’est seulement à ce prix là qu’ils pourront abattre Shivalah. Linienya ne préférait pas penser de trop à ce combat final où elle risquait de perdre non seulement l’homme de sa vie mais aussi ses plus proches amis. Elle s’en voulait qu’ils soient obligés de les aider, mais avaient-ils vraiment le choix ?
Elle était donc là, sur les rives du lac juste au nord de sa maison, le katar en main, elle s’entrainait déjà à le manier en attendant les autres, enchainant passes d’armes, voltes de son corps souple ou roulades d’esquive.
Puis elle s’arrêta. Tout reposait sur les caprices d’un homme qu’elle n’aimait pas, d’un homme qui lui avait arraché une promesse qui lui faisait peur. Tsion’Hebb viendra-t-il ?

Ainsi donc ils allaient tenter d'apprendre à maîtriser la formidable puissance des katars. Pauvres fous, pauvres naïfs. Tsion'hebb en aurait souri s'il n'avait pas ressenti lui-même dans sa chair autant que dans son âme l'incroyable énergie arcanique que ces armes permettaient de façonner et diriger.

Et cette femelle kaldorei, la dénommée Linienya, croyait malin d'entrainer quelques clampins au subtil maniement de ces instruments extraordinaires... quelle hérésie, quelle folie. A eux cinq elle escomptait disposer d'un levier suffisant pour faire plier l'insoutenable puissance de Shivalah. Oh, on pouvait croire que cet Arlequin était un maitre dans le maniement des armes légères, mais même avec sa sensibilité kaldorei et ses compétences, comment pouvait-il supposer être capable... ou alors ces deux là cachaient autre chose, et n'étaient pas ce qu'ils disaient être.

Ce fou de barde avait réussi à faire passer le message par la haute-prêtresse de l'ordre : les porteurs de katars étaient invités à une première séance d'entrainement. Piège ? Subterfuge ? Comment savoir ? Les étoiles ne parlaient qu'à ceux qui savaient les écouter et surtout les interroger. Mais trop de choses échappaient au rythme de ce monde, à la respiration d'Azeroth.

Certaines voies du destin demeuraient plongées dans une obscurité presque fascinante et leurs traces s'égaraient à travers des brumes étranges aux reflets d'outre-monde qui, toutefois, semblaient toujours placées sous le signe de la droiture, aussi incroyable que tout celà puisse paraitre.

- "Il faudrait vraiment que tu y ailles. Il avait l'air sincère je t'assure."
- "Sincère ? C'est un comédien dans l'âme. Comment lui faire confiance ?"
- "Il y a des choses qu'une femme ressent... et... une fille encore plus."

Argument à double tranchant s'il en était, d'autant que Mystiruis était d'autant plus en situation délicate que sa propre fille Arcània était du nombre de ces inconscients.

- "On pourrait tout autant considérer que tu es une proie facile, justement à cause de ce lien improbable."
- "Même son élue le demande. C'est une prêtresse d'Elune, elle ne mentirait pas."
- "Non, elle ne mentirait pas... sans une excellente raison de le faire."
- "N'as-tu donc confiance en rien ?"
- "Tu connais la réponse à cette question."
-"Alors je t'en prie mon ange, ne laisse pas la défiance prendre le pas sur la lucidité. Ils ont vraiment besoin de toi."

- "De nous." corrigea le démoniste en plongeant son regard ténébreux dans celui, si pur, de la haute-prêtresse de l'ordre qui usait de toute sa force de persuasion pour l'amener à la décision qu'elle pensait juste.

- "Tu iras ?"

Il hocha la tête. Il irait

Le katar était à la fois léger et lourd, maniable et imprévisible dans ses mouvements. Il pouvait fendre l'air sans bruit ou retomber avec fracas dans un retour de bras désordonné.

Aénor avait si souvent vu Jaylini ou Cril s'entrainer qu'elle en avait presque sous estimé la manipulation d'une telle arme. Rien à voir avec ses bâtons équilibrés par la magie puissante ou les masses imposantes qui étaient comme le prolongement de son bras.
Celui ci était plus délicat, demandait de la force et de la souplesse, de la ruse aussi... Il fallait l'apprivoiser.... Un peu comme un mâle s'amusait elle à penser

Le sien n'avait pas perdu de temps pour la mettre à l'entrainement, et le bougre n'avait rien perdu de son agilité. Sa blessure à la patte était presque un vieux souvenir dont seules persistaient quelques grimaces à la fin des longs échanges.
Sitôt rentrée de l'expédition aux Bassins qui avait permis de retrouver l'objet, Aénor avait caché soigneusement le katar et ne cessait de le déplacer d'endroits depuis. Prudence est mère de sureté disait toujours sa grand mère. Beaucoup de vies et d'amis dépendaient de l'arme et sa sécurité était primordiale. Elle avait bien ressenti le trouble chez nombre de ses amis quand elle était remontée avec de la cache noire et malodorante... et chez certaines plus que d'autres. Et elle avait confiance en son instinct...

SLASHHHHHHHH !

La lame fendait l'air encore une fois, scindant en deux le long ruban de soie que le barde avait fait voler devant Aénor.
Les volutes aériennes de la lame n'avaient de cesse que pour qu'elle puisse retrouver un peu de souffle. Les longs entrainements avaient pris fin pour elle il y a bien des lunes et le manque d'agilité se faisait sentir quand elle était poussée dans ses derniers retranchements. Elle s'appliquait pour accorder le maniement du katar à sa démarche naturelle : souple, presque féline.. Étre au plus proche de ses subtilités, utiliser non pas la force pure mais l'ensemble du mouvement du corps - jusqu'à savoir " deviner l'adversaire ". Faire corps avec lui, en faire le prolongement naturel de sa main... Être rapide et efficace, être vigilante à l'environnement, la nature, aux bruit, ressentir les ondes, les énergies..., savoir donner un élan, et connaître les limites des choses...


S'arrêter, essoufflée, repartir avec vaillance, s'évertuer à faire bien, corriger sa position de la main ou avec quelques explications ou conseils, recommencer encore et encore, sans fin...
Alors qu'elle en avait fini avec son ruban précédent, le barde en sortit un autre encore et la contourna. Elle ruisselait de sueur mais gardait un regard déterminé jusqu'à ce qu'il sorte de son champ de vision en lui demandant de ne pas bouger, de ne pas se retourner. Elle se sentait fatiguée. Son corps était lourd comme du minerai mal dégrossi et ses muscles la tenaillaient de partout. Depuis des heures, sans relâche, ils répétaient les mêmes gestes, les mêmes mouvements... sans certitude aucune qu'ils étaient ceux qu'Arlequin allait leur demander d'enchainer...

"Ferme les yeux ma Lune !"cria t il "Et ressens".

La première fois, elle sentit rien d'autre que le souffle tiède de la brise de la côte glissant sur sa peau nacrée. Elle ne bougea pas d'un pouce, attendant le signe du barde.

"Concentre toi Aé ! Sinon, gare à la punition !" dit il non sans un brin d'amusement dans la voix
"Mais ! Il n'y'a rien eu !" éclata t elle en bougonnant.
"concentre toi" continua t il imperturbable

Elle ferma à nouveau les yeux et se concentra... les bruits des oiseaux disparurent, le ressac de vagues aussi. Elle perçut à peine la respiration du barde à plusieurs pas de là. Elle ne sentait que l'arme au creux de sa paume, la sensation du métal et du bois conjugués qui s'effaçait peu à peu, ne laissant que le prolongement de son âme au bout de ses doigts.

Un coup vif. L'air fut tranché net. Les respiration se figèrent... .et telles des feuilles à l'orée de l'automne, les deux morceaux du ruban de soie voletèrent jusqu'à venir danser avec le sol sablonneux où les deux elfes étaient.

Elle avait frappé net, séparant le tissu en deux morceaux équivalents que regardait d'un air endormi Echeyakee, le vieux lion couché non loin de là, bien loin de tous ces efforts elfiques.[i]

Voici bien des lunes, la jeune mage avait appris à maîtriser son art. La magie de feu, la glace ne renfermait que peu de secrets. Plusieurs nuits, Lini et Arlequin l'avaient acceuillie chez eux. Elle avait décrypté les multiples tatouages avec une patience infinie, se plongeant des heures durant dans ses livres.

Qui aurai pu croire cela de cette jeune impétueuse.. la petite peste était sortie de sa chrysalide, laissant la place à une femme au regard fier, au caractère aussi vif que doux.

Le curieux mélange d'un père fanatique dans l'âme et d'une femme trop longtemps éprouvée. L'un disparu dans le néant par la haine des hommes, l'autre renfermée dans une carapace protectrice.
Même son propre père se refusait à lui accorder ce qu'elle aspirait tant.. qu'à son élue..

Aujourd'hui, combattante chevronnée, elle parcourait le monde en se mettant au service de ceux dans le besoin.
Vivre pour vivre. Tuer pour survivre.

Arcània soupira longuement, elle avait espéré et enfin refoulé dans le fond de son coeur son désir de voir sa famille enfin unie.
Pourtant cette lame, dont elle caressait le coupant autant que les pierres les avaient rapprochés. Certe, par la force des choses, Mais le fait était la.

Lentement elle sorti la lame de son fourreau, la lune accrocha quelques pierres de ses rayons et la jeune femme entama quelques gestes lents, rapides, souple comme elle avait vu si souvent ses ennemis le faire.
D'abord incertaine, maladroite, les gestes devenaient plus sur, plus mature. La lame devenait sa main, sa main devenait cette lame

Longtemps plus tard, elle prit le chemin de la maisonnette, savourant autant que sa mère, le galop souple de sa petite jument.
Elle sourit, juste une seconde.. bientot elle reverrait son papili.
Elle savait que son beau-père serait la.. sa mère aussi surement. Son coeur manqua un battement.. elle appréhendait autant qu'esperait de cette rencontre.

Ephèbe fit un brusque écart et son regard se fit de glace. Un groupe de hordeux taillait en pièce un petit hameau. Impulsive comme toujours, elle se lança dans la mélée. La glace, le feu se dechainèrent comme mue par une force inconnue. Elle aida à enterrer les morts, donna les quelques pièces d'or de sa bourse et reparti. L'adrenaline qui courrait ses veines mirent longtemps avant de retrouver la plenitude des chants de la forêt

La nuit était là, auréolée d’une myriade d’étoiles dans un ciel clair et pur. La lueur de la lune à moitié pleine se reflétait sur les cinq katars dont les lames semblaient étrangement se répondre après une si longue séparation. Etait ce les armes qui avaient choisit leur porteur ou le contraire ? La question restait posée tant le choix semblait évident maintenant.
Arlequin regardait attentivement les autres porteurs. La présence de Tsion’Hebb n’avait soulevé aucune protestation au final. Chacun savait qu’ils avaient besoin les uns des autres même si Linienya soupçonnait le démoniste de n’être là que pour essayer de contrôler l’immense puissance de Shivalah.
Elle en eu des frissons glacés en évoquant l’horreur dans ses pensées et sa lame vibra avec elle. Silencieusement, une prière coula d’entre ses lèvres, une supplique qu’elle adressa à tous les dieux qui pouvaient exister ici et ailleurs, qu’ils leur laissent encore un peu de temps ! Car si Shivalah apparaissait maintenant, tout était bel et bien foutu.
Un coup d’œil à son loup suffit à la faire sourire. Il paraissait serein, c’était un instant qu’il avait attendu de puis bien longtemps. Proche de son but, il paraissait encore plus sauvage, elle sentait l’animal tout près à bondir. Cette quête l’avait tenu tant de temps en haleine et le final était si proche !
Mais il y avait encore beaucoup à faire une fois les katars harmonisés aux porteurs, il fallait trouver Shivalah ! Aller l’affronter sur son terrain dans l’espace astral était suicidaire, restait plus qu’à lui tendre un piège…

Son regard se portait sur l'enfant endormie au creux de son cocon de tissu. Depuis combien de temps l'observait elle ? Elle n'avait pas senti le soleil doucement se retirer pour faire place à la pénombre, comme elle n'avait pas plus écouté le chant des oiseaux lentement s'éteindre... Elle détaillait chaque trait, chaque détail, encore et encore. Elle les connaissait par cœur mais voulait comme s'en imprégner une fois encore. Ne rien oublier.

Sa fille dormait paisiblement, ses petites mains recroquevillées du coté de son visage, les poings aux doigts si minuscules serrés. Deux petites oreilles pointues s'agitaient de temps à autre en réponse à quelques rêves enfantins. Elle écarta doucement la couverture improvisée par un pan de sa cape. La peau du bébé devenait bleutée au fil des lunes, avec des reflets irisés deci delà. Ses petites cuisses avaient encore la forme potelée des bébés, tout comme ses pieds si fins. Son regard s'arrêta sur sa marque de naissance avant de revenir sur le visage.
Les lèvres de l'enfant se contractèrent, ses sourcils se froncèrent comme autant de signes avant coureurs d'un pleur ou d'un grognement. Alors doucement et simplement, sa mère, du bout du doigt frôla sa joue, lui murmurant longuement des paroles dans la langue des elfes que personne n'aurait pu entendre...

Elle connaissait les dangers de son métier, ceux liés à sa conditions de combattante prêtresse d'Elune. Cent fois, mille fois elle était passé près du trépas mais à chaque fois Elune avait veillé. Et cette fois encore elle priait la déesse. La lente litanie elfique s'envolait comme un doux chant d'entre ses lèvres mi closes. Plus qu'une bénédiction, c'était une protection qu'elle demandait à sa Déesse. Pour elle. Pour ceux qui, dans les jours à venir, allait avoir à affronter Shivalah. Pour ceux qu'elle aimait. Pour sa fille surtout.

A côté d'elle, sur sa besace, deux lettres cachetées à l'encre à peine sèche reposaient. Elle savait que si quelque chose devait arriver, Elune ne suffirait pas pour élever sa fille. Les prêtresses du Temple savaient prendre soin des âmes abandonnées mais Aénor ne pouvait s'imaginer sa fille élevée par des étrangères. LA mère de Cril pourrait prendre soin de l'enfant mais sa vie était maintenant derrière elle et le bébé n'avait que quelques mois. Il fallait quelqu'un qui puisse la guider longtemps sur le chemin tortueux de la vie. Et elle ne voyait que deux personnes pour prendre soin de son trésor si précieux. Les deux en qui elle avait plus que confiance et à qui elle pourrait s'en remettre les yeux fermés pour confier la prunelle de ses yeux. De sa main libre, elle saisit la plume et traça de longues arabesques sur le parchemins. "Pour Nedy." "A remettre à Isolder Royce. Urgent"

Arlequin avait parlé du katar des éléments. Celui de l'eau. Étrangement, cela ne l'avait pas surprise. L'eau. L'eau sans qui la vie n'est rien. L'eau qui assèche les terres les plus arides comme elle donne la vie d'une goutte au creux du désert. L'eau du puits d'Elune, première bénédiction des enfants ou ultime sacrement des morts. Aussi loin que portaient ses souvenirs, tout avait toujours convergé vers cet élément, bien plus que les autres, dans sa vie de prêtresse, de femme, de mère. Elle voyait les moments importants de sa vie revenir comme autant d'images où ce précieux élément avait joué un rôle si important. Sa soeur. Isolder. Cril. Sa fille.

Son oreille droite se dressa. Des pas. Ceux d'un lion. Ceux d'un elfe. Le barde arrivait avec Echeyakee. Il était temps de se mettre en route.

Enfin, ils étaient tous là, les katars étaient réunis, ils allaient pouvoir combattre Shivalah mais avant il allait falloir lié l'essence dechaque porteur avec son arme pour qu'elles soient véritablement efficaces.

Arlequin se méfiait de Tsion'Hebb, il devinait que le démoniste n'était pas là par bonté d'âme et essayait de deviner ce que l'homme avait en tête.

[HRP]
A priori, on planifie pour jeudi la confrontation avec Shivalah. Si vous souhaitez que ce combat ait éventuellement des retombées sur votre personnage, envoyez-moi un MP pour en discuter. Merci d'avance.
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[Modo on] partie HRP déplacée là où il se doit[modo off]