La soirée avait été haute en couleurs, et avait apporté plein d'éléments positifs. En s'éveillant ce matin là dans la lumière tamisée des frondaisons de Darnassus, leur foyer, il avait un sourire au bord des lèvres, incapable de s'en défaire.
En vérité si la soirée y était pour un peu, la nuit y était pour beaucoup. Mais ça serait un secret scellé dont seule sa louve partagerait le secret, elle qui savait si bien lui insuffler cette force d'âme dont il avait bien besoin.
Pour la réunion, ils avaient eu le bonheur de voir la douce Aénor faire preuve d'une belle prestance lorsqu'elle exécuta, à l'improviste, une présentation sans faille des Tisseurs de Paix. Elle l'avait ému, une fois de plus.
Ensuite ça avait été l'occasion de mieux connaître le goût de Silwenne pour l'exposition et la démonstration des idéaux de paix dont ils étaient porteurs et dont l'envie qui brillait dans les yeux de la poétesse révélait la verve qui couvait, ne demandant qu'à s'exprimer. Il était heureux d'avoir pu identifier cette qualité qu'ils auraient à coeur de mettre en avant.
Le contact avec dame Razkan avait mis en avant l'utilité majeure de ce contact avec la Pax Legatus comme pont jeté entre les Tisseurs de Paix et la Horde. Comme il exécrait ce mot de "Horde" tout autant que ce mot d'"Alliance", car ils traçaient entre les peuples une frontière à la plume dont la rigidité conceptuelle n'avait plus de réalité dès qu'on affrontait la vraie vie. Et si ces deux mots étaient utile et avaient bien un substrat, l'usage qui en était fait le rendait malade bien plus souvent qu'à son tour.
Enfin d'ici peu Silwenne leur présenterait sans doute une compilation de ses notes. Elle en avait pris peu, faisant preuve d'une culture déjà bien approfondie du principal sujet abordé : les Sin'Doreï. Il avait hâte de prendre connaissance de son compte-rendu. Et il avait hâte aussi d'entendre ces nouvelles voix qui étaient venues enrichir le choeur des Tisseurs.
Puis sa promise était venue.
Ce matin le soleil montait et chauffait doucement l'ambiance sereine de la capitale des Elfes de la Nuit. Les feuilles brillaient de rosée cristalline qui perlaient délicatement la végétation omniprésente. Il se redressa sur un coude avant de se pencher tendrement sur l'épaule de son aimée, déposant sur le satin de sa peau un baiser suffisamment léger pour ne pas l'éveiller. Il observa un instant ces scarifications qui dessinaient sur le haut de son dos d'incroyables arabesques qui, disait-elle, racontaient leur histoire.
Il ferait tout pour que cette histoire soit la plus belle. Il l'aimait.