Alors que les volets des chaumières étaient déjà fermés depuis belle lurette laissant à la rue son intimité nocturne, que les bouges regorgeaient d’individus mal famés, des pas de cheval lancé à vive allure résonnaient. Cette symphonie improvisée n'était pas très harmonieuse, comme si ce cheval avait eu une vieille blessure de guerre et boîtait très légèrement. Certains avaient plutôt intérêt à se cacher, il arrivait.
L’ambiance de l’auberge était des plus festive, ça criait, pouffait, beuglait, l’alcool coulait à flot, les poings aussi parfois, et les pouliches les mieux roulées étaient aussi de la partie.
Pourtant lorsqu’il poussa la porte, le silence se fit tel un tapis rouge qu’on aurait déroulé en son honneur.
Il opina du chef en direction du tenancier et se dirigea vers une salle au fond d’un petit couloir sombre.
Il ne prit pas la peine de frapper et rentra alors que deux de ses hommes restèrent à la porte.
La pièce était sombre quelques bougies par ci par là, la décoration était sommaire : quelques caisses en guise de table et de sièges.
Il était attendu … Il ne prit pas la peine d’ôter son caban et s’installa, la conversation pouvait commencer.
« Vous l’avez retrouvée ? »
« Oui …. * voix hésitante* mais … il semble y avoir un souci. »
« Vous l’avez retrouvée oui ou non ? »
« Oui … »
« Alors je ne vois aucun souci et si vous voulez parler de sa nouvelle ligne ce n’est pas un souci … juste un détail »
Les deux hommes, à qui il parlait, n'étaient qu’à moitié surpris qu’il sache pour la fille, il avait des yeux et des oreilles partout, donc savait tout.
« mais … »
Il se leva sans mot dire et s’éloigna les laissant là, il referma la porte derrière lui et s’adressa aux deux armoires bloquant le passage.
« A vous de jouer … on peut pas leur faire confiance, et c’est pas la main d’œuvre qui manque dans ce domaine, pas de place pour les sentiments. »