Elle est seule, le regard perdu dans les reflets de la fontaine.
Il s'approche doucement. Elle ne bouge pas.
Alors il s'asseoit à côté d'elle : elle sursaute un peu.
Il lui demande à quoi elle pensait... elle pique un fard.
Il s'excuse, dit que ça ne le regardait pas.
Elle lui dit qu'elle espérait...
Il demande quoi.
Elle répond que c'est à lui qu'elle pensait.
Il est un peu surpris, touché aussi de cet aveu.
Ils décident de recommencer la rencontre. Tout va déjà si vite.
Elle espère échapper au tourbillon, aux papillons.
Il redit "bonjour" et ils rient tous les deux.
Il cherche à savoir qui a pu la renseigner sur lui et dire autant de bien pour déjà mettre son coeur en émoi.
Elle dit que ça ne tient à rien, juste à lui.
Il dit "ma démarche alors ?"
Elle approuve.
Alors il se met à marcher de long en large et elle rit et lui demande ce qu'il fait.
Il répond : "je vous fait passer une agréable soirée"
Elle rit encore.
Ils s'amusent de banalités. Et puis il se glisse plus près.
Il lui dit qu'il veut savoir si c'est vrai, que c'est trop improbable.
Elle ne se défend pas, souriante.
Il pose la main sur son coeur à elle. Ca fait qu'il manque un battement, et puis quand il lui demande à l'oreille si elle passe un bon moment, il en manque un second.
Il sourit, touché. Maintenant il est sûr. Et il a beau revenir à sa place, elle est touchée aussi et pas que par sa main sur son coeur.
Elle est émue et lui ouvre doucement son coeur. Elle dit qu'il la trouble. Il lui dit avec douceur de se taire, un doigt léger sur ses lèvres. Elle s'en émeut encore, dit qu'il doit la prendre pour une écervelée.
Il répond que ça n'est pas le cas, qu'elle est simplement trop jeune et trop sensible, trop fragile aussi.
Il lui dit aussi que lui n'est pas un coeur à prendre, que son coeur est mort et se régénère lentement mais que pour l'heure il n'a rien à lui donner.
Il dit qu'il refuse d'être un voleur et d'accepter le don qu'elle lui propose sans avoir de quoi lui rendre un équivalent.
Et puis quelqu''un approche qui veut lui parler à elle, alors il s'écarte un peu par discrétion et laisse la conversation suivre son cours.
La personne, une naine, vient râler après elle. Elle aurait fait preuve de jalousie auprès d'une autre.
Il hésite, laisse un peu monter le ton puis se redresse soudain et intervient.
"Il est impossible qu'elle soit jalouse, pour une très bonne raison."
"Ah ? Laquelle ?" demande l'autre sèchement.
"Car le coeur de cette demoiselle est à moi."
Elle rougit mais ne dément pas et l'autre se trouve stupide et décroche en s'excusant.
Ils se retrouvent face à face.
Elle est toute tremblante. Alors c'est lui se trouve comme un idiot. Elle lui demande pourquoi il a dit ça. Il répond qu'il la sentait en difficulté et que ça l'a ému... Et que l'argument lui semblait juste puisqu'apparemment ça n'était pas un mensonge.
Elle acquièsce en hochant la tête, le regard baissé, rosissant et émouvante.
Elle redresse la tête puis le regarde intensément... et lui dit qu'elle doit se faire violence pour ne pas l'embrasser.
Lui répond que ça ne ferait que rendre leur situation à tous les deux plus délicate pour un bénéfice très ponctuel.
Il lui dit qu'elle ne devrait pas chercher à jouer avec le feu, que l'incendie menace et qu'ils en souffriraient tous les deux. Et il la prévient que si elle tente quoi que ce soit, il connait un bon moyen de calmer tout ça.
Elle le regarde toujours fixement, sa volonté vacille, menacant de l'embrasser. Alors il la saisit à bras le corps et avance tout au bord du bassin. Elle s'accroche à lui en riant...
Elle dit que de toutes façons elle n'ira pas toute seule à l'eau, elle serre les bras autour de son cou.
Alors tant pis, il préfère être trempé que subir les conséquences d'un baiser. Il tient à sa conscience et si baiser il y a, il n'est pas pour elle. Il saute.
Bon, ils s'arrosent, s'aspergent... ressortent.
Et elle a de nouveau ce regard intense.
Alors il la serre tendrement dans ses bras et dès qu'elle pose la tête sur son épaule, il pose la main sur sa nuque. Ils sont trempés mais comme ça il est sûr au moins qu'elle ne va pas tenter un coup de folie.
Elle frissonne. Il a les mains froides.
Et elle lui avoue : il n'a pas fini de l'émouvoir. Ca tombe bien, il n'a pas envie que ça finisse.
Elle lui dit encore qu'il va lui manquer, un peu. Il entend "beaucoup". Il faudrait être sourd.
Et puis ils se séparent, douloureusement pour elle, un peu pour lui aussi car il sait ce qu'elle ressent, il devine en tous cas.
Il ne peut rester insensible devant la beauté de ce sentiment. Il est ému.