Un regard porté sur les choses

Et le temps passait, inévitablement, inexorablement…
Faisant son office en bien ou en mal selon les situations…
Tel le flot de la vie, il s’écoulait inlassablement, autour les choses changeaient et se passaient….

C’était une unique pièce, vide, d’une décoration…
Sans aucune décoration.
Les murs d’un bleu clair et le sol fait de dalles d’un blanc immaculé semblaient vouloir capturer la moindre source de lumière qui la pénétrait.
Il y avait juste un lit, pauvre et vieux, une table et une chaise rien de plus.
Une flamme vacillait sur cette table, une bougie était allumée et éclairait un parchemin.
Au milieu de ce silence ambiant un léger griffonnement se faisait entendre, celui d’une plume que l’on promène de manière gracieuse sur un parchemin.
Dehors, sur la terrasse bien étroite, le clapotis de l’eau qui heurtait le sol ne semblait pas distraire une seconde l’homme assit à cette vielle table, à coté de ce vieux lit, tenant sous la bougie ce parchemin ainsi que la plume qui dansait dessus.
Cette ambiance épurée devait le changer de son Manoir aux décorations si lourdes et riches, mais il n’en avait cure.
A coté de lui un sac emplit de parchemin, vierge, griffonné…
Qui aurait su le dire…
Les yeux tantôt dans le vide tantôt sur le parchemin il écrivait, sans s’arrêter il écrivait.
L’écriture était belle et soignée, on l’aurait presque dite calligraphiée…
Le parchemin était lui aussi de qualité…
Et la majuscule la démarrant était un S travaillée….
Shattrath….


« Shattrath!
C’est là-bas que m’a conduit la lettre de Thorak.
Il devait s’y passer des choses intéressantes…
Qu’appelait il intéressante ce Troll…
A l’infirmerie, Isolder aurait encore fait des siennes que ça ne m’étonnerai pas, Il aurait mieux fait de rester où il était, enfin…
Devant je ne pu que constater l’étendu de cette chose….
Le Troll avait eu raison…
Incroyable…
Au vue des évènements, j’ai décidé de poster une sentinelle.
Un scarabée fit l’affaire…
La prêtresse s’était fait mordre il y a de cela quelques jours par une bête sans vraiment s’en occuper…
Et paniqua lorsqu’elle se fit mordre une deuxième fois constatant les dégâts…
Stopper le venin par le froid…
Avec cette vie en son ventre, vie qu’elle n’avait su cacher.
Isolder qui avait été trop long à se décider à agir
Ce Barde qui malgré le fait de savoir l’état de sa femme, implore le traitement par le froid…
Ce qui s’en suivit est la faute de tous chacun son tour…
Le résultat avait peu de chance d’être autre que celui-ci…
Et lorsque tous rentrèrent en catastrophe se suivant à peu d’intervalle, le bal commença…
Les peurs, les annonces, les catastrophes, les larmes et les cris…
Tout semblait se suivre dans une danse macabre et étudiée.
Moi-même je l’ai soupçonné…
Aussi par des tractations diverses et variées et usant de mes connaissances j’obtins une chambre d’hôte…
En piteux état certes, mais en dessous de ce qui m’intéressait.
Mais nul ne savait ou je me trouvais… »

Une rafale de vent souleva légèrement le parchemin faisant vaciller la flamme.
L’homme posa la plume un instant, prit un verre posé sur la table et but quelques gorgées.
Il leva la tête comme attendant quelque chose, mais rien ne se passa.
Il reprit sa plume, la plongea dans son encrier, et la reposa sur le parchemin…
Il ne fallut que peu de temps avant que celle ci ne reprenne sa folle danse….


« Il usait de toutes phrases possibles pour la consoler…
Si seulement il m’avait écouté…
Des jours durant il les passa à ses cotés, cette jeune femme qui s’était enfermée avec la prêtresse…
Cette jeune femme qui était certaine d’être la cause de la mort du fœtus…
Cette jeune femme qui peu à peu l’éloignait de lui…
Mais il n’était pas inintéressant d’apprendre...
Aussi laissons…

Les jours passaient et se ressemblaient…
Au final elle finit par se calmer et les choses aussi.
Il se mit à travailler sur une extraction d âme, qui n’était pas su de la victime…
Isolder s’est intéressé de près à la Scholomance…
Etonnant….
Il a même trouvé l’aile abandonnée et y a placé ses quartiers pour ses travaux.
Il trouva aussi le chemin détourné pour entrer…
Décidément…
Il est étonnant de le voir travailler, il a progressé et bien…
Je continue de le surveiller et reviendrai sur l’écriture dès lors que les choses évolueront »

Il posa la plume dans un écrin et sortit un parchemin qu’il lu.
Un sifflement aigu se fit entendre…
Il savait ce que ça voulait dire…
Il roula le parchemin, se leva, souffla sur la bougie pour l’éteindre, prit un sac posé près du lit et se dirigea vers le balcon.
Il siffla à son tour et un griffon vint le prendre.
Dans un battement d’aile il s’éloigna de ce balcon pour y revenir que plus tard dans la nuit…

La douce lueur des lunes des Marécages éclairait la pièce alors vide.
Il n’y avait que le léger craquement du bois qui travaillait qui interrompait parfois le silence des lieux.
Soudain un griffon se posa sur le balcon, l’homme en descendit et retira son manteau qu’il jeta négligemment
Il claqua des doigts et aussitôt la flamme de la bougie s’alluma.
Il fit craquer lentement ses cervicales en penchant la tête alternativement de gauche à droite…
Il n’était plus tout jeune, il le savait, s’étira et s’assit à la table.
Il saisit la plume et sortit un parchemin, le déroula devant lui et commença à écrire

« Le rituel vient de se dérouler
Cela ne s’est pas passé comme il l’avait prévu ou comme il l’aurait voulu.
Il n’avait pas pensé à tout ou avait manqué de certains détails, d‘explications.
Les leurres ont fonctionnés et l’extraction s’est déroulée, mais l’âme était en fait scindée et parmi les amis qu’il avait choisi pour l’aider le réceptacle de l’autre partie était présente.
Isolder a commis une erreur et il va la payer, c’est certain…
Je dois néanmoins reconnaître que le rituel même brisé avant la fin a été bien mené, mais il aurait du plus se renseigner en amont …
Tant pis pour lui…
Je reste plus longtemps que prévu ici, je pourrai ainsi voir…
Vous comprendrez aisément ce silence de quelques jours en lisant ces lignes.
Ainsi que mes conclusions actuelles.
Il devient peu à peu aussi puissant que les maîtres de L’agneau et sera sans doute sollicité pour enseigner d’ici quelques temps…
Aura-t-il l’intelligence de refuser d’aider ces vieux roublards et trouillards, cachés dans leur cave nauséabonde, avec à l’étage des ivrognes proférant des menaces ridicules ou racontant des histoires invraisemblables alimentant la stupide peur des petites gens.
Nous verrons bien…
Le fait est qu’il doit encore progresser et apprendre.
Il manque encore de puissance, de maîtrise et l’erreur faite auprès des Nagas peut se répéter.
Il nous faudra discuter de certaines choses au plus vite… »

Il stoppa son écriture réalisant que ses pensées commençaient a être retranscrites, la fatigue risquant de le laisser partir sur des sujets qui ne regardaient pas les deux autres.
Il posa la plume dans son écrin et se leva.
Il sortit à l’extérieur respirer l’air frais profitant de cette fine pluie qu’il laissa couler sur son visage
Il ferma les yeux et resta ainsi quelques secondes…
Une rafale de vents s’engouffra durant ce laps de temps dans la pièce balayant le parchemin et éteignant la flamme.
Il se retourna, entra silencieusement, roula le parchemin et la rangea.
Il regarda une nouvelle fois au dehors
Son regard était mélancolique, presque triste.
Rien a voir avec celui qu’il arborait habituellement.
Il s’allongea et fixa le plafond, pensif.
Il mit un temps certain à se laisser emporter par le sommeil, idées et souvenirs se bousculant dans sa tête, ses yeux reflétant une tristesse si palpable.

Le silence…
Cela faisait quelques jours qu’il était là à présent suivant les mouvements du Démoniste, les retranscrivant ainsi que ses actes, ses pensées qu’il couchait sur papier.
Durant tout ce temps il n’avait parlé à personne.
Il restait tel qu’il aimait tant être…
Seul…
Il redressa la tette jeta un œil dehors.
Il se demandait si cette pluie allait finir par avoir une fin.
Elle ne l’énervait pas, mais ne lui plaisait pas…
Il prit un nouveau parchemin, la plume, et la relança de nouveau dans son ballet.

« Comme je le pensais…
Il va payer cher…
La punition ne s’est pas faite attendre.
Et au final le résultat en vaut-il la chandelle?
Une Lèpre Magique…
Une lèpre concocté par le vaudou Troll.
Voila le résultat de cette morsure que ce loup lui avait infligé…
Je m’attendais bien à quelque chose, mais je dois reconnaître être surprit de l’étendue de leurs pouvoir…
Je me pencherais sans doute sur cette magie un jour où l’autre.
La réaction de sa fiancée fut celle que je pensais, rendre le Diamant au plus vite.
Isolder paye aujourd’hui le fait d’aider les autres, il n’avait qu’à écouter et respecter mes enseignements.
Il a l’intention d’en parler au groupe Tisseurs, il espère sans doute une aide de leur part. »

Il posa sa plume, enfila un manteau et sortit sur le balcon.
Il Siffla et attendit son griffon qui ne se fit pas attendre longtemps, monta dessus et partit.



La nuit était avancée
L’homme était sur la terrasse, la tête levée en direction de la maison plus haut.
De légères plaintes se faisaient entendre, des larmes…
Il fixait cette maison avec les yeux légèrement plissés, secouant légèrement la tête avec une expression évidente de désolation
Les plaintes se répétaient tandis que l’homme se décida à entrer.
Il se sécha sommairement avant de s’installer à cette table et se saisir de nouveau de cette plume qui commençait à ressentir les méfaits de longues heures d’utilisation.

« Il le savait, je l’avais prévenu depuis bien des années.
Le voila regrettant mes préceptes…
De qui se moque t’il…
Cette lèpre semble avoir déclenché chez le barde une réaction violente, une réaction de rejet.
C’était évident, elle allait attenter à leurs vie cette maladie si ils l’attrapaient.
Elle est magique certes.
Mais comment expliquer à quelqu’ un les faits de la magie si il y reste obtus et sourd.
Une phrase et des mots ont choqué, blessé, trahi cet imbécile, Il se sent abandonné.
Il n’avait qu’à pas quitter le lieu ou il aurait du rester.
Les amis ne sont qu’illusions, ou juste bon à être présent tant qu’ils en ont besoin.
Je le lui avais dit.
Je l’avais avertis que pour ne pas être meurtrit il devait vivre seul.
Il ne m’a pas écouté et a suivit la prêtresse.
Qu’il en paye les conséquences.
Le voila en larme répétant a cette Draeneï une question.
Est-ce cela des amis…
Peut être comprends t’il enfin.
Peut être réalise t’il.
Ou peut être le lui fera-t-elle réaliser.
Son silence en disant gros sur son avis.
Tout cela n’est peut être pas un mal.
Cela développe le champ…
Le met dans certaines situations…
Je reste encore quelque temps …
Je me demande quelle sera le prochain événement à entrer dans cette valse noire… »

Il sourit d’un air presque sadique posa sa plume et retourna à l’extérieur ou la pluie s’était faite plus forte et les plaintes s’étant tus.

Un rire…
Un sourire…
Une belle forêt et une jeune femme.
Le soleil était au plus haut et inondait une belle clairière de sa chaleur.
L’endroit était calme, au loin on entendait le léger bruit de l’eau qui faisait son chemin au milieu de cailloux roulant les uns sur les autres.
Des oiseaux sifflaient un léger gazouillis et allongés au milieu de l’herbe Une Elfe et un Humain
L’un dans un sens l’autre dans l’opposé, leur tête proche l’une de l’autre.
Ils se regardaient dans le blanc des yeux.
Ces regards accompagnés de soupirs et tendres sourires.
L’Elfe remonta sa main et la posa sur la joue de l’humain en souriant.
Son cœur battait, il battait si fort…
Il roula sur le ventre et mis sa tête au dessus de la sienne, la regarda tendrement et vint poser ses lèvres sur les siennes.
Ils étaient bien…
Si bien…
Et son cœur…
Son cœur battait si fort…


Il ouvrit les yeux.
Son cœur battait à vive allure.
Il était appuyé contre le mur de la terrasse et s’était sûrement assoupit.
La pluie coulait sur son visage et il sentait quelque chose autour de lui, il regarda.
Baissant la tête il vit des bras autour de lui mais fait en ombre éthérés, il tourna la tête et vit la silhouette d’une Elfe de la nuit blottie dans son dos le serrant contre elle, cette silhouette aussi été éthéré.
Il se libéra de l’emprise dans un geste presque désespéré et se retourna.
Il la regarda, une larme coulait de sa joue, et ses lèvres lui murmurait encore.
« Pourquoi? Par Elune Pourquoi? »
Il la regarda abasourdit, presque impuissant face à cela et dans un geste balaya les volutes de fumée qui formaient cet être.
La souffrance se lisait sur son visage, non pas physique…
La souffrance et la rage, malgré un regard mélancolique.
Il entra dans la pièce et saisit sa plume


« Il commence à être temps que je rentre.
Je suivrai l’évolution de chez moi la fatigue commence à m’assaillir.
Cela fait bientôt une semaine qu’il ne porte plus son fil ni son cristal, le moyen pour eux de rester en communication.
Il passe de longues heures en compagnie de la Draeneï parlant avec elle entre autre choses…
Sa colère bien que passée, la douleur reste vive et présente
Et même si lentement le regret de mes enseignements s’éloigne, il reste en lui.
Il a finit par aller voir la Guerrière et semble s’être mis d’accords avec elle pour l’aider…encore.
Est il stupide ou faut il tel un enfant qu’il fasse ses erreurs à plusieurs reprises afin d’apprendre.
Il s’est aussi rendu propriétaire d’un grimoire renfermant un Démon.
Il a l’intention de trouver un moyen d’aider son ancienne propriétaire ainsi que l’Eredar.
Il ne comprend vraiment pas…
La seule chose qui me rassure c’est qu’il puisse entrevoir la possibilité de connaissance grâce a lui.
Nous verrons bien…
Il nous faudra nous intéresser à la Draeneï, au final son comportement est bizarre, il y a anguille sous roche.
Il est temps que je rentre… »

Il posa la plume, sortit une boite et la rangea ainsi que l’encrier qu’il referma.
Il prit sur le lit une sacoche et sortit un petit cristal, prononça des paroles en démoniaque et le cristal éclata dans sa main.
Des bruits de sabots se firent entendre dans l’ombre derrière lui.
« Vous m’avez demandée Seigneur? » demanda une succube qui sortit lentement de l’ombre la voix suave et lascive
« Oui! Mets moi au courant des choses les plus urgentes , je verrai le reste au Manoir, je rentre » Dit il ne la regardant même pas et préparant son sac.
« Tout de suite Seigneur, je les ai sur moi les missives les plus importantes » Répondit elle soumise sortant d’on ne sait ou deux lettres cachetées
L’homme leva un sourcil, prit les lettres, décacheta la première et la lut.
« Krateous…. Ho vraiment…à ce point la….il nous faudra nous pencher la dessus et sérieusement »
Il la referma le visage fermé et contrarié.
Il décacheta la deuxième et la le silence se fit.
Il plissait les yeux comme concentré ou contrarié par ce qu’il lisait puis leva doucement la tête.
Sans rien dire le papier prit feu entre ses doigts ne laissant que des restes de papiers carbonisés s’envoler vers la terrasse et se perdrent dans les Marécages
Son regard restait perdu vers le plafond.
« Allons y… nous avons des choses a faire et j’ai des gens a voir… » Il dit cela la voix sombre et contrarié.
La succube prit la cape posée sur le lit et la plaça sur les épaules de l’humain, il l’ajusta et l’attacha.
Elle prit ensuite le sac et le suivit tandis qu’il sortait sur la terrasse
Il siffla d’une manière bien particulière son sifflement résonnant au plus loin.
Ils ne durent attendre que quelques minutes avant de voir arriver un Drake de néant qui se mit en vol stationnaire à coté de la terrasse.
L’homme monta sur son dos et la succube se mit derrière.
Le Drake prit son envol et survola de très près la paisible place de Telredor affolant les gardes de nuit et s’envola au plus haut dans le ciel bleuté des Marécages.
« Le prochain événement qui se greffera à ce ballet ce sera peut être moi qui l’enverrai… »