- "Tu prends le quartier des mages et le parc ?"
- "Tu fais l'ouest, je fais l'est ?"
Ils venaient de se répartir le travail dans une jolie coordination... contradictoire.
- "Entendu, répondit-il en rectifiant la consigne. Rendez-vous à la cathédrale, on reste en contact."
Pas une rue, pas une échoppe, pas un recoin qui n'échappa à sa fouille méthodique. Chaque commerçant ou artisan reçevait la même consigne : Si vous rencontrez une dénommée Silwenne, faites lui savoir que les Tisseurs de Paix la recherchent. Chaque lieu public, boutique, placette résonna un instant où l'autre des échos de leurs voix.
- "Bonjour, je recherche une dénommée Silwenne, une petite humaine affiliée aux Tisseurs de Paix. L'avez-vous vue récemment ?"
Les réponses négatives s'enchaînaient invariablement.
Le solitaire bleu avait, semble-t-il, été la cible de violents affrontements récents. Des corps inanimés jonchaient le sol. Même la cave reçut sa visite sous l'oeil effaré du sommelier qui se demandait bien ce qui pouvait se passer mais n'osa pas s'opposer à l'Elfe de plus de deux mètres et dont les épaulières lui donnaient une allure peu avenante.
Les Mages, nichés dans leur tour, le reçurent avec un mépris affiché. Ne daigant répondre que du bout des lèvres. Il lui fallut faire jouer son amitié avec dame Lazara pour qu'enfin on lui permette de monter dans les étages.
Il garda l'Agneau Assassiné pour plus tard... Il n'irait qu'avec sa renarde : Bien trop dangereux même pour un chasseur expérimenté.
Chaque pont traversé était l'occasion de sonder les canaux d'un regard aussi perçant que rongé d'inquiétude.
Il passa à l'atelier de Jaylini puis dans les locaux que Jototem était en train d'aménager non loin de là. C'était en travaux. Il risqua un coup d'oeil entre les volets pour apercevoir le Nain apparemment occupé à des comptes à la lueur d'une bougie. Il n'eut pas le coeur à le déranger. S'il ne portait pas son Fil c'était probablement pour ne pas nuire à sa concentration.
La bibliothèque, la Prison... il courait aussi vite que possible sans négliger de piste. Echeyakee avait le nez au sol, à comprendre plus comme un encouragement que quoi que ce soit d'autre. Son maître était bien en peine de lui expliquer ce qu'il cherchait avec autant de nervosité.
Il passa devant la maison de la vieille Emma, les quartiers de dame Amelie Bayle, une vraie mine d'or pour qui cherche des informations sur les luttes intestines de la cité des Hommes. Il allait y pénétrer lorsque sa louve intervint sur le Fil.
- "As-tu vérifié la ruelle coupe-gorge ?"
- "Non, c'est dans ta zone, mais attends moi on ira ensemble."
Assez d'une seule disparition. Il n'avait aucune envie de la perdre et fit preuve de plus de fermeté qu'il ne l'aurait voulu mais elle comprit immédiatement et ne lui en tint nullement rigueur. Il allongea le pas.