Elle s'enferme dans sa tour de granit.

La porte claqua si brutalement, que le bruit fit sursauter la Kaldoreï assise dans un siège de coton. Son regard vide, observa un long moment, les battants tremblants. Elle était dans un endroit que personne ne trouvera jamais. Un endroit prés de la mer, et là où la tempête pouvait tout arracher.

Un bâtiment qui était sur le point de s'écrouler.

Et elle écrivait, sa main cachée dans un gant de laine épaisse, ses épaules perdues sous un châle d'un noir de péché. Sa chevelure laissée au libre souhait d'un vent violent. Elle se laissait aller.

Un jeune homme humain poussa la porte, il tremblait de froid, ses lèvres prenaient la couleur bleutée de la peau de sa maîtresse.

" - Dame.. je.. je.. peux.. vous.. app..app.."

Elle leva la main, son regard où se mêllait ombre et lumière se posa sur le jeune homme, vide, elle était vide.

" - Reviens dans une heure. J'aurais quelque chose pour toi.
- B..B..bien Madame.. "

Celà faisait quelques jours qu'elle s'était enfermée ici, et entendre quelqu'un qui ne prononçait plus le mot " Prêtresse" lui faisait un bien fou.

Elle se sentait recluse, dans un monde qui ne voulait pas d'elle.

Survolant sur son épaule, un fantôme aurait pu lire ceci :

Citation :

" Née du silence, elle en est remplie.

Un concert parfait, son meilleur ami.
Il y a tant de choses qui valent la peine de vivre.
Il y a tant de choses qui valent la peine de mourir.
Si seulement mon âme avait une demeure..

Elle chante ce qu'elle ne peut pas dire.
Elle oubli ce avec quoi elle ne peut pas jouer.
Entrez dans la poésie qu'elle a finit par écrire..
Cette musique agonisante..
Cette lettre de fin qui, à personne, n'est addréssée.

Ne soupir jamais pour un monde meilleur.
Tout est déjà composé, joué et dit.
Chaque pensée se trouve dans la musique que j'écris.
Tout est un souhait pour la nuit.

J'ai écrit sur l'éclipse, j'ai écrit sur la fin..
Je suis morte pour la beauté, celle qui est se trouve dans mon jardin.
J'ai crée un royaume.
J'ai atteint la sagesse.
Mais je ne suis pas parvenue à devenir une déesse.

« Si vous lisez ces lignes, ne vous rappelez pas de la main qui les a écrites mais seulement des vers, des pleurs sans larmes du compositeur. Car je lui ai donné sa force et c’est devenu ma seule force. Une demeure rassurante, les genoux d’une mère, la chance d’une immortalité où être désirée est devenu le frisson que je n'ai plus ressenti depuis longtemps. Le doux piano compose ma vie. »

La main gantée referma la lettre avec calme et sérénité.

Plus qu'un silhouette d'ombre, elle se releva avec difficulté, peau bleuie, force amoindrie.

Elle observa par des barreaux de fers l'étendue bleue qui semblait lui tendre les bras.

Trois coups à la porte la fit se retourner, les yeux plissés, elle attendit.

" - Ma..dame.. S'ensuivit la tête de l'humain qui la servait pour quelques piécettes.
- Hum ?
- Je..dois..dois.. prendre quel..quel..quelque ch..ose ?
- Ceci. "

Son poignet leste vint envoyer la missive entre les mains de l'humain. Papier coupant, la main récupératrice se vit offrir une belle entaille qui tacha le papier de quelques gouttes de sang. Il sursauta.

Se détournant, la silhouette d'ombre lâcha une expiration qui ressemblait plus à une plainte d'outre-tombe qu'à un soupir d'être bien vivant.

" - Pose ceci en bas, et va t-en. Il est temps pour moi de me mettre à dormir un peu, quelques jours.
- Vous.. allez..allez..dormir ?
- Cesse de posez des questions, tes pièces sont en bas, près de la porte, va-t-en avant que la mer t'ordonne de rester ici. "

Qui était cette ombre.. noire.. instable.. Une autre partie, une créature de l'infinie ? Que de questions, pour si peu de réponses.

La mer déchainée s'élançait dans la pénombre d'une nuit sans lune.
On aurait pu croire que les murs d'anciennes pierres auraient pu s'écrouler au bas de la falaise, mais le bâtiment en lambeaux tenait bon depuis des lustres, il tiendra encore. Aussi longtemps qu'il aurait fallu.

Une ombre s'élança vers l'escalier qui la menerait vers les portes du bâtiment surélevé.

La cape claquait ses mollets brûlés par l'eau gelée qui s'écoulait des pierres.

Elle allait rejoindre celle qui l'avait appelé. Elle lui avait donné beaucoup de choses, surtout en ce qui concernait les ombres qu'elle manipulait avec grâce et joie, amies protectrices.

Il n'y avait pas de portes au bout du chemin, juste une arche blanche qui faisait outrage à l'endroit.

Elle ne savait pas trop où elle était, mais elle en avait cure. Elle entra, sans se poser de question.

Dans la pièce centrale, il n'y avait que débris de statues, un endroit bien lugubre pour son instructrice.

Elle monta quelques marches et arriva devant une porte en bois.. elle frappa, trois fois.

Un hoquet s'échappa de sa gorge quand elle ressentit des bras d'ombres s'enrouler autour de sa taille puis de son cou. Elle ne pu qu'emettre un son criard : C'est moi...

Les ombres relachèrent leur étreinte et la porte s'ouvrit.


Là.. dans les ténèbres, sur un lit, se tapissait une silhouette recroquevillée. Entourée de laine aux couleurs de jais, la chevelure qui avant était penchée vers le bleue, touchait à présent un noir malsain.

Elle faisait peur à voir, rongée par ses démons et par ce qu'elle combattait.

La voix de son instructrice la fut sursauter :

" -.. Entre .. Viens.. N'ai pas peur.. "


La voleuse s'approcha aussi discrètement que ses talents le lui permettaient, elle vint s'asseoir sur le lit.

Rien n'était luxueux, tout partait en lambeaux, comme si la Prêtresse se fichait de la réalité. Elle avait tant perdu. La voleuse se souvenait d'un rire, d'un sourire, d'un regard plein d'éclats, d'une Kaldorei aimante. Et là elle voyait.. une chose.. qui se tapissait pour s'éloigner de la Vie.

La voleuse tendit une main gantée vers celle de la Prêtresse, elle sentit une main froide, sans force.

" - Que vous arrive t-il... J'ai entendu vore cri.. je suis venue aussi vite que j'ai pu.
- Je suis épuisée...
- Vous n'avez pas mangé depuis plusieurs jours.. Attendez. "

La voleuse fouilla dans sa besace pour en sortir un morceau de pain, racis, certes, mais mangeable. Elle le tendit. Mais la Prêtresse ne fit pas un mouvement vers la nourriture aimablement tendue.

" - Je vous en prie.. mangez..
- J'ai mangé.
- Votre faiblesse vous tuera, il y a quelques jours vous vous portiez à merveille, que s'est-il passé ? Thelsian, dites le moi, je vous en prie, je pourrais peut-être..
- Chut.. non. Rien ne peut être fait pour le moment. Ma faiblesse ne doit pas t'inquiéter, si je t'ai appelé ce n'est pas pour que tu t'occupes de moi. Ecoute... "

La voleuse avait pour habitude de rencontrer des Kaldoreis fringuantes, habillées avec des couleurs, aimant la vie et les autres. Des Kaldoreis de Stormwind. Elle connaissait les Kaldoreis pleins de sagesse, de calme, et de loyauté pour leur peuple. Des Kaldoreis de Darnassus.

Mais jamais dans sa vie, elle n'avait vu une Kaldorei dépérir de la sortes, de cette manière, et pour une raison qui lui échappait totalement.

Elle n'avait jamais vu la Prêtresse pleurer, elle ne l'avait jamais vu en colère, elle l'avait toujours vu compatissante, aidant, sans rien demandé en retour, comme si elle s'accordait un fardeau inutile.

Le fardeau serait devenu si lourd ? Trop dur à porter ? Le Fardeau l'aurait détruit ? Oui mais quel fardeau ?

La voleuse pencha la tête vers la prêtresse, en proie à trop de questions qui la déconcentrait, et au froid qui lui mordait le corps.

" - J'ai besoin de toi pour.. J'ai besoin de toi pour m'apporter des nouvelles de l'extérieur..
- Vous ne comptez pas rester ici, quand même ! Pas une once de soleil ! Un endroit mort ! Non, je ne vous laisserais pas ici !
- Thelianelshia. Mon enfant, je t'ai appris à ne pas remettre les choix des autres en question avant de les comprendre et de les analyser.
- Oui.. je sais.
- Alors fait ce que je te dis, viens de temps à autres m'apporter des nouvelles. Ici, Elune me garde, je sais qu'elle veille sur moi. "

La voleuse observa rapidement le visage de la Prêtresse. Un visage baigné par des ombres mouvantes et des chuchotements qui allaient la rendre folle. La prêtresse aurait perdu le contrôle ? Non, impossible. Thelsian contrôlait ses ombres comme elle contrôlait son corps. Elle les manipulait avec sagesse, respect, et jamais de trop.

La voleuse relâcha son étreinte.

" - Oui.. oui.. d'accord, je viendrais.. Avez-vous besoin d'autres choses ?
- J'aimerais que tu ailles à Menethil. J'aimerais que tu dises à l'aubergiste que je suis malade.. Que je serais disponible par le fil qui me relie au Tisseur, mais que je ne pourrais les voir physiquement. Dis lui que je me remettrais vite, et dis lui de faire passer le message aux Tisseurs.
- Celà sera fait selon votre volonté.
- Va maintenant.. va. "

La prêtresse baissa la tête, commençant à psalmodier d'étranges paroles, en rime, en Darnassien. Non elle n'avait pas perdue la tête, pas elle..
Le vent brutal vint ramener la voleuse à la raison, elle se leva brutalement, et recula jusque la porte..


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La dernière chose qu'elle vit, était son amie.. son instructrice, recroquevillée.. entourée par des ombres dansantes, et un spectre.. souriant.. penché au dessus de la Prêtresse.

(très joli dessin )

Elle s'était échappée de son nouvel havre de paix depuis quelques heures. Direction Darnassus. Une quinte de toux la prit sur le griffon, elle referma le manteau sombre qui la tenait au chaud.

Son regard vague parcoura la mer, puis là-bas, la cité des Elfes de la Nuit, qui dans la matinée, était baignée d'une très belle lumière claire.

Elle leva une main pâle et maigre au dessus de ses yeux, afin de s'en servir comme de visière, et remarqua, déjà, deux Initiés, qui l'attendaient.

Vêtues d'un blanc de pureté, elles regardaient le ciel, attendant certainement la Prêtresse qui devait bientôt arriver.

Le griffon se posa en douceur, Thelsian appréciait ce geste, sentait-il la faiblesse de son corps ? Elle n'en doutait pas. Une main caressant le crâne de la bète, elle rabattit correctement le capuchon sur son crâne.

La pâleur de sa peau ne devait pas être montrée au grand jour, elle ne supportait pas les regards curieux de ses pairs.

Une des Initiés frappa les côtes de la seconde, montrant d'un geste de la tête, celle qu'elles étaient venues chercher.

Deux mains, dans la force de l'âge, se postérent sous les aisselles de la Prêtresse, l'aidant ainsi à marcher sans craindre une chute douloureuse.

" - Je m'apelle Yrona, et elle c'est Klyern, nous sommes ici pour vous mener jusqu'au Temple de notre Mère la Lune. "

Un hochement de tête répondit à la phrase, quelques Prêtresses comme elle, l'attendaient.. là bas. Elles savaient sans doute ce qui pouvait alors aider leur Soeur. Soeur imprégnée de faiblesse.

C'est la tête baissée et aidée des deux Initiés, que la Prêtresse d'Elune rejoignit le Temple.

Même la lueur blanche qui inondait le Temple lui était douloureuse. Ses yeux se refermèrent dans un geignement enfantin.

Les Initiés se regardèrent, et l'aidèrent à rejoindre une salle au fond du temple, salle uniquement utilisable par les convertis.

Sans demander leur reste, elles installèrent Thelsian dans un haut siège de marbre blanc, et s'en allèrent sans un mot. Peut-être avaient-elles eut peur en voyant le regard sans éclat de leur ainée.

C'est dans un froissement de tissus qu'étaient entrées les Prêtresses, rendues à la même échelle que la malade.

Elles se connaissaient, certaines étaient aussi agées que Thelsian, d'autres moins, plus jeunes, mais tout aussi emplies de sagesse.

" - Soeurs. " La voix de la Prêtresse d'Ombres sonnait comme une complainte.

Elles inclinèrent toutes la tête, et vinrent s'asseoir autour de la Prêtresse d'Ombre.

" - Tu as demandé à nous voir ? Que se passe t-il ? Pourquoi Elune semble s'éloigner de toi ? commença celle en robe d'argent.
- Beaucoup de questions.. je crains ne pouvoir répondre qu'à une ou deux... Les Ombres me consument, un cadeau d'Elune. "

L'étonnement se lisait sur les visages comme dans le son des chuchotements qui s'élevaient.

" - Ce n'est rien, je l'espère. Je viens demander l'aide de mes Soeurs au contrôle de celles-ci. Sans vous, mes heures sont comptées. "

La main d'une Soeur aux cheveux nature se posa sur celle de la Prêtresse d'Ombre. Elle ne semblait pas surprise par le froid qui se dégageait de cette peau pâle.

" - Je t'aiderais Thelsian. "

Quelques autres Soeurs hochèrent la tête, mais l'autre moitié se leva.

" - Elune t'a offert un cadeau pour que tu paies tes péchés. Je ne t'aiderais aucunement.
- Moi non plus.
- Moi non plus. "

Les yeux de la Prêtresse des Ombres se fermèrent, déception, douleur, crainte.. elle était persuadées que certaines devaient réagir de la sorte. Elles avaient surement raison.. Devait-elle se laisser consumer ? Ou devait-elle être encore plus forte pour leur contrôle.

Certaines Prêtres et Prêtresses contrôlaient leurs ombres avec délectation, les siennes essayaient de prendre son contrôle, pourquoi ?

Elle observa le départ des autres Prêtresses d'un oeil compréhenssif, et serra la main de sa vis-à-vis.

" - Êtes-vous sûres de votre choix.. ?
- Elune est bonne envers chacune d'entre nous, nous t'aiderons à surmonter ton épreuve, là est notre choix, car nous te respectons, comme tu nous respectes. "

La prêtresse d'ombres hocha silencieusement la tête, elle se laissa emporter par ses Soeurs.

Ce soir là, elle resta au Temple, mais à la première lueur du jour, elle serait partie. Elles avaient toutes convenues que l'aide serait spirituelle et que la distance n'y changerait rien.

( merci ^^ )

Elle avait passé sa nuit a Reflet de Lune, accompagnée d'un ami prêtre qui l'avait fait sourire de bon coeur pour la première fois depuis longtemps.

De retour dans son domaine macabre, elle pensait.

Assise face à une fenêtre aux barreaux rouillés, là où la mer n'arrêtait pas d'être déchainée, elle pensait.

La visite dans les grottes du temps était quelque chose qu'elle appréhendait. Du peu qu'elle connaissait sur ces monstres de sagesse, qu'étaient les Dragons des Aspects, l'appréhenssion montait.

Elle n'aimait pas pénétrer en leur domaine, pire encore, elle craignait Nozdormu.

Autant Ysera, Aspect du rêve, protégeait ou éloignait, les curieux du rêve d'émeraude, autant Alexstrasza était l'Aspect de la Vie, amplie de sagesse, et Reine d'un domaine que personne ne pouvait imaginer. Autant Malygos, Aspect de la Magie, s'était éloigné, devenu fou, elle avait peur de l'Eternel qui destestait être dérangé.

Elle préparait un sac à dos, pauvre en vivre, mais assez pour aller se renseigner un peu plus.

Elle appréciait le nain, et ce n'était pas sa faiblesse du moment qui allait l'empêcher d'y aller.

Elle se rendrait dans un lieu, ou une seule et unique personne pourrait répondre à ses interrogations.

Elle appréhendait cette rencontre.

Elle l'avait rencontré une unique fois. Il y a de celà longtemps, marchant à l'aide d'une canne, elle sombrait un peu plus dans la fragilité et la fatigue.

Son visage, auparavent accueillant, n'était plus que pâleur et incertitudes.

Le décors qui l'entourait était propice à la méditation, énormes arbres amplies de vie, vent frais, et une maisonnette, coincée dans les montagnes.

Elle avait jurée de ne plus revenir, mais elle devait prendre des renseignements avant de s'enfoncer dans les Grottes.

Un pas, puis deux, et elle arriva à la porte de la masure. Inutile de frapper, la porte s'était déjà ouverte sur une silhouette entre l'elfe et l'humain, d'une pâleur aussi extrème que la sienne.

" - Que veux-tu. Pourquoi venir ici ? "

Elle essaya de se mettre à genoux, mais faillit tribucher.

" - Pas de ca, réponds moi, tu n'es pas la bienvenue. "

Elle hocha la tête.

" - Je veux simplement avoir quelques informations sur les Grottes.. Monseigneur. "

L'homme fronça les sourcils, soupira.

" - Je ne vois pas pourquoi je te les donnerais.
- Je sais que je peux repartir d'ici dans trouver réponses.
- Nozdormu, l'Eternel t'interesse ?
- Pas lui, un.." ami " se serait peut-être perdu là-bas. Je cherche à savoir si il y a danger.
- Le vol de Bronze est ouvert à ceux qui ne cherchent pas querelle, si tu n'as aucune arrière pensée, les portes te serront ouvertes.
- Le vent chuchotte d'étranges rumeurs sur le sommeil de l'Eternel..."

L'homme esquissa un sourire, observant la Prêtresse avant de rétorquer.

" - Ecoute le vent, il ne ment jamais. L'Eternel ne dort jamais longtemps. Mais aucune inquiétude, les Grottes ne seront pas un danger. "

Elle hocha la tête, son vis-à-vis reculant dans sa bâtisse, refermant la porte sans un aurevoir, sans un mot, sans un regard.

Elle n'avait pas obtenu ce qu'elle escomptait.. mais déjà elle pouvait rassurer les Tisseurs, les Grottes ne seront pas un danger. En espérant qu'Il n'avait pas proféré de mensonges.